Stop Suicide



Le suicide et les jeunes 



"Le suicide d’un jeune garçon souhaitant rejoindre dans la mort un chanteur du groupe « Nirvana » s’étant lui-même supprimé voilà quelque temps a ému à juste titre notre société. Curieusement, le suicide individuel d’un malheureux enfant fait couler nettement moins d’encre que les suicides collectifs des « sectes »…

Et pourtant ce sont 57 personnes qui se suicident chaque heure sur la terre, soit près d’une personne par minute. Le temps que vous lisiez cet article, et trois suicides de plus seront survenus ; et lorsque vous vous coucherez ce soir cela fera près de 1300 personnes qui se seront données la mort durant cette journée. Et cela recommencera demain. Ce nombre augmente chaque jour, inexorablement. Le suicide chez les moins de 25 ans est la première cause de mortalité, devant le Sida et les accidents.

La cause profonde de ce fléau est le désespoir engendré par notre civilisation qui privilégie l’avoir sur l’être et ne propose aucun remplacement aux religions moyenâgeuses qui n’intéressent plus la majorité des jeunes générations. Le seul remède à ce fléau, et il faut utiliser le terme de fléau pour quelque chose qui tue plus de gens que le Sida, c’est d’encourager, de soutenir et de promouvoir les nouvelles solutions spirituelles, baptisées péjorativement « sectes », seules capables d’endiguer cette hécatombe.

On va trouver des médicaments contre le Sida, on n’en trouvera jamais contre le désespoir des jeunes qui se suicident ou se droguent. La seule solution est de leur permettre de revenir à une vie spirituelle adaptée à notre époque par la promotion de nouvelles philosophies ou religions adaptées aux espérances des jeunes d’aujourd’hui.

Comme le disait André Malraux, l’homme est un animal religieux, et aussi longtemps qu’on ne redonnera pas leur place dans notre société à la philosophie et au rêve, à cette indispensable culture de l’être, des jeunes prendront pour modèles des chanteurs désespérés et se suicideront pour la plus grande consternation de leur entourage.

500 000 personnes vont se suicider dans l’année qui vient de commencer, pour la plupart des jeunes. 500 000, c’est déjà la population d’une très grande ville. Ils sont là autour de nous et nous ne savons pas qu’ils vont se supprimer. Cela peut être notre voisin, notre camarade de travail ou notre enfant…

Mais les médias feraient faire un scandale si 50 membres d’un groupuscule religieux déséquilibré se livrent à un suicide collectif et ils réclameront des mesures contre les « sectes »…

500 000 d’un côté, 50 de l’autre. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Mais le plus important, c’est que ces mêmes « secte » sont les seules capables de sauver une grande partie des 500 000 qui se suicident tout seul. Cela ne vaut-il pas la peine de risquer qu’une fois tous les trois ou quatre ans un groupuscule de déséquilibrés amène une cinquantaine de personnes au suicide pour en sauver 500 000 par an ?

Notre société a plus que jamais besoin de rêve et d’idéal philosophique, que cela passe par la croyance en Dieu, la réincarnation, les anges ou…les extraterrestres. Aucun scientifique ne découvrira jamais un médicament contre le désespoir. Seuls les prophètes ou les poètes ( cela s’écrit presque de la même façon…) détiennent la solution. C’est peut-être là la revanche des sciences humaines.

Chaque jour qui vient, ( et les scientifiques sont sur ce point d’accord avec le prophète que je suis) va amener des centaines de nouveaux cas de suicides de jeunes et même d’enfants, ce qui choque encore plus.

J’appelle solennellement les gouvernements et les médias à promouvoir dans leurs programmes et leurs colonnes les Nouvelles Minorités Religieuses et Philosophiques, seuls médicaments contre ce fléau numéro un chez les jeunes, le suicide.

Contre le Sida, on peut mettre un condom, contre le désespoir il n’en existe pas. On ne peut se protéger de l’extérieur car plus on se protège en se coupant ( s’aliénant) de notre entourage, et plus le repli sur soi ainsi engendré est désespérant. La solution, au contraire, consiste à s’ouvrir sur l’extérieur, à développer des liens avec tout ce qui nous entoure et à se rassembler par affinités spirituelles. Créer des liens se dit d’ailleurs en latin « religere », d’où vient le mot religion.

Il faut choisir aujourd’hui entre la condamnation des différences qui amène au désespoir et l’éloge de ces mêmes différences qui est le seul remède à la montée du suicide chez les jeunes.

Il conviendra d’y penser à l’avenir avant de prononcer dédaigneusement le mot « secte » prenant ainsi le risque d’effrayer les jeunes tentés d’approcher certaines minorités religieuses où ils pourraient trouver la seule solution les empêchant de mettre fin à leurs jours. Cela est votre responsabilité !"


RAËL  16 janvier 1995.



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